« Chabeuil. Nos racines, le berceau de notre enfance, un lien affectivement très chargé et ancré dans notre histoire familiale. Le retour en ses murs, c’est l’appréhender avec un regard d’adulte, d’en saisir les éventuels changements, tenter de se les réapproprier en les peignant, mais c’est aussi un petit clin d’oeil fait à notre père auquel on doit quelques tableaux.

 Nos souvenirs restent attachés à Chabeuil, d’abord par notre naissance dans le Bourg, rue Rencurel, au domicile de nos parents, puis notre enfance insouciante dans ce qui fut une petite ville, avec tous les avantages qu’elle pouvait offrir à un enfant : proximité de l’école, des commerces, du travail des parents, des relations chaleureuses avec ses habitants et, malgré la guerre, et surtout l’après-guerre, nous jouissions d’une certaine liberté pour y vivre en sécurité. Nous restions surtout à l’intérieur de l’enceinte moyenâgeuse, qu’est le Bourg, et en ressentions confusément sa protection originelle. Le regard actuel porté sur les rues de Chabeuil, ses places, ses monuments, c’est y découvrir des détails passés inaperçus dans l’enfance.

C’est le plaisir de voir ça et là les éléments restés intacts, c’est déplorer certaines modifications (destruction des lavoirs publics, vandalisme de la fontaine Mazet…), c’est faire émerger nos souvenirs, mais c’est aussi inviter, modestement, le passant pris par son rythme journalier à porter un regard plus attentif aux beautés de sa ville. »

Solange Faure-Ponsard